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Lagunes méditerranéennes

Les 33 espèces ciblées par ce Plan national d’actions occupent des habitats qu’il est difficile de décrire de manière exhaustive, car les odonates ont des exigences fines dépendant à la fois de leurs habitats larvaires et des milieux environnants.

Qu'est-ce qu'une lagune ?

Du golfe du Lion à l’extrême sud de la Corse, les lagunes méditerranéennes représentent en France environ 85 000 hectares. Derrière Thau, Berre ou Biguglia, pour les plus vastes et les plus connues, les rivages français de la Méditerranée comptent près d’une centaine de ces étangs littoraux, inégalement répartis dans les trois régions méditerranéennes.

La région Sud abrite la plus grande superficie de lagunes avec environ 46 000 hectares. Vient ensuite la région Occitanie avec environ 36 000 ha de lagunes. La Corse compte le plus de lagunes avec plus de 70 lagunes recensées sur son littoral, pour environ 3500 hectares.

La superficie des complexes lagunaires (lagune et leurs zones humides périphériques) est estimée à environ 130 000 ha sur les 3 régions méditerranéennes françaises (source: ‘Synthèse des lagunes’, 2007).

Les lagunes côtières, étendues d’eau salée ou saumâtre connectées à la mer par un (ou plusieurs) graus, sont toutes différentes par leur étendue, leur salinité, ou leur morphologie, ainsi que leur connectivité à la mer via des « graus » permanents ou intermittents – cette communication pouvant parfois être insignifiante ou ne plus exister.

La rencontre entre les courants marins et les rivières

Ce qui réunit les lagunes méditerranéennes, dans toute leur diversité, c’est d’abord leur position singulière, au point de rencontre des bassins versants et du milieu marin, qui leur confère une importance cruciale pour la biodiversité.

Ces étangs, souvent de faible profondeur, situés le long du littoral, sont séparés de la mer par une bande de sable : le lido. Ils reçoivent de l’eau douce, principalement par les cours d’eau, et sont reliés à la mer par un chenal que l’on appelle grau.

Ce mélange d’eau douce et d’eau salée, sa variabilité au cours des saisons et des années font la richesse et la particularité des lagunes.

Chaque lagune constitue un paysage et un milieu de vie uniques, en permanente évolution.

Comprises entre terre et mer, les lagunes entretiennent tout naturellement des relations étroites avec les zones humides qui les entourent (marais, etc.) et reçoivent de nombreux apports du bassin versant.

Localement, dans le langage courant, le mot « étang » qui désigne différents types d’écosystèmes naturels ou artificiels se substitue à l’appellation « lagune ».

Typologie des lagunes

La profondeur des lagunes est généralement de l’ordre du mètre mais il existe des milieux beaucoup plus profonds, à mettre en relation avec leur origine géomorphologique :

  • Les lagunes sensu stricto ou lagunes sédimentaires, peu profondes et entourées de rives basses. Elles se sont constituées derrière des cordons sédimentaires accumulés par les courants marins le long des côtes (ex. Etangs palavasiens, étang de la Palme en Occitanie, lagunes de Biguglia, Palo ou Santa Giulia en Corse).
  • Les lagunes tectoniques, issues de l’effondrement ou de l’érosion d’une portion du rivage. Plus profondes (une dizaine de mètres), elles sont généralement cernées de petites falaises rocheuses (ex. Etang de Diana et d’Urbino en Corse, étang de Berre en région Sud, étang de Thau en Occitanie).
  • Les lagunes estuariennes ou deltaïques, situées à l’embouchure des fleuves. Les alluvions, accumulés en tombolos le long du rivage font obstacle à l’écoulement des cours d’eau, isolant des petits plans d’eau saumâtres au débouché des fleuves côtiers (ex. La Camargue en région Sud, étang de Balistra en Corse).

Genèse des lagunes

La formation des lagunes méditerranéennes débute il y a bien longtemps. A la fin de la dernière glaciation il y a 10 000 ans, le climat se réchauffe, la calotte glacière fond… le niveau de la mer s’élève progressivement. Au cours de sa remontée, qui s’est stabilisée au niveau actuel il y a environ 6 000 ans, les  vagues et les courants qui transportent des sables le long du rivage construisent lentement un cordon sableux, le lido. Ce cordon sableux sépare la mer des eaux saumâtres qui ont envahi les parties les plus basses de la plaine littorale. Seuls les graus, interruptions des lidos, maintiennent une communication entre les étangs et la mer.

Selon la réglementation française, pour l'application de la police de l'eau, les lagunes et étangs saumâtres peuvent avoir un statut de « plan d’eau ». Néanmoins, au niveau des berges, les espaces colonisés par une végétation aquatique ou paludicole, comme les nénuphars ou les roseaux, peuvent être qualifier au cas par cas de zones humides. Les parties profondes et peu végétalisées des plans d'eau ne sont pas des « zones humides ».

D'après la convention de Ramsar, les lagunes et les étangs saumâtres sont considérés comme  des « zones humides littorales ». Sources : www.pole-lagunes.org, www.zones-humides.org, www.conservatoire-du-littoral.fr

©Philippe LAMBRET

Les espèces associées

Le taux de salinité y est variable : faible, voire nul en début de saison lorsque les eaux de pluie ont gonflé les niveaux d’eau, il augmente en cours de saison au fur et à mesure que le milieu s’assèche. Il arrive d’ailleurs fréquemment que les bassins s’assèchent totalement au cours de l’été. Ces lagunes sont caractérisées par de vastes massifs de Scirpe maritime (Bulboschoenus maritimus) qui les colonisent. Le cortège qui exploite ces zones humides particulières sont dominés par des espèces adaptées aux milieux temporaires. C’est le cas des lestes comme L. dryas, L. barbarus, L. virens ou le méditerranéen Lestes macrostigma dont les œufs sont pondus à l’intérieur des tiges de scirpe et sont ainsi protégés durant la saison sèche. Ces larves qui tombent à l’eau au cours de l’hiver, se développent rapidement permettant une émergence précoce, avant que le taux de salinité ne devienne létal. Cette adaptation à une période courte de mise en eau du milieu leur permet d’éviter une trop forte concurrence car bon nombre d’espèces ne supportent pas de telles conditions. Les sympétrums tels que S. meridionale, S. striolatum et S. fonscolombii qui apprécient aussi les fluctuations de niveau d’eau et pondent régulièrement sur les parties exondées, sont également bien représentés dans ces milieux saumâtres. Si le taux de salinité reste modéré, d’autres espèces peuvent accompagner lestes et sympétrums. Aeshna affinis, Ischnura pumilio, Ischnura elegans, Sympecma fusca peuvent même présenter des densités de peuplement remarquables.

Sources : www.poitou-charentes-nature.asso.fr Eric PRUD’HOMME et Laurent PRÉCIGOUT (Charente Nature) et Miguel GAILLEDRAT (Vienne nature)