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Tourbières

Les 33 espèces ciblées par ce Plan national d’actions occupent des habitats qu’il est difficile de décrire de manière exhaustive, car les odonates ont des exigences fines dépendant à la fois de leurs habitats larvaires et des milieux environnants.

Définition

Une tourbière est un milieu caractérisé par la présence, ou la formation, d’un sol composé de tourbe, soit de la matière organique très peu décomposée.

Pour que la tourbe se forme, des conditions écologiques particulières doivent être présentes, notamment :

  • Une saturation du milieu en eau (stagnante, ou peu mobile), pour une période suffisamment longue dans l’année
  • Une croissance de végétation suffisante.

Dans ces conditions saturées, anoxiques (sans oxygène), la végétation produite ne se décompose que très lentement et très partiellement.

D’autres facteurs peuvent également favoriser le ralentissement de la décomposition : par exemple, la basse température, et le pH bas (acidité), et certaines espèces de plantes qui se décomposent plus lentement que d’autres.

Si ces conditions sont maintenues dans le temps, cette tourbe peut s’accumuler progressivement pendant des siècles, voire des millénaires.

Une note sur la terminologie :

Parfois, le terme « tourbière » est réservé aux milieux ayant une épaisseur minimum de tourbe (10, 40, voire 50 cm en fonction de l’auteur) ou une teneur minimum en matière organique (typiquement de 20% ou 30%). Les milieux contenant des dépôts de tourbe ou de sol organique ne remplissant pas ces critères sont parfois appelés des milieux paratourbeux, semitourbeux ou pseudotourbeux.

Les différents types de tourbières

Il existe des plusieurs classifications permettant d’identifier et de décrire les tourbières en fonction de leurs diverses caractéristiques.

On peut distinguer les tourbières en fonction de, par exemple :

Leur acidité (pH) :

  • Les tourbières acides avec un pH plus bas, descendant jusqu’à pH 3 ;
  • par rapport aux tourbières basiques et alcalines, avec un pH plus élevé, montant jusqu’à pH 8.

Leur niveau trophique (teneur en éléments nutritifs, notamment azote et phosphore) :

  • Les tourbières oligotrophes, pauvres en éléments minéraux ;
  • Les tourbières mésotrophes, intermédiaires en teneur d’éléments minéraux ;
  • Les tourbières eutrophes, riches en éléments minéraux. Ces dernières sont parfois dues à la minéralisation (dégradation) des tourbières initialement oligotrophes ou mésotrophes.

Leur alimentation hydrique actuelle :

  • Les tourbières minérotrophes ou géotrophes, alimentées par l’eau souterraine,
    • avec des caractéristiques des sols et des substrats de son bassin versant (pouvant être acide ou basique, oligotrophe à eutrophe…).
  • Les tourbières ombrotrophes, alimentées surtout par l’eau des précipitations (pluie, neige, brouillard)
    • qui sont toujours acides et oligotrophes lorsqu’elle sont en bon état.
  • Les tourbières mixtes, ayant des secteurs à tendance minérotrophe et d’autres à tendance ombrotrophe.
    • La dominance relative peut évoluer entre ces deux ‘pôles’ au fil du temps.

Leur alimentation hydrique initiale et les processus à l’origine de la tourbière :

  • Les tourbières géogènes, formées à partir des eaux de surface ou souterraines, dont :
    • Les tourbières topogènes, nées de ruissellements ou d’une nappe affleurante dans une dépression ;
    • Les tourbières limnogènes, nées de l’atterrissement d’un plan d’eau par des radeaux végétaux ;
    • Les tourbières soligènes, nées des écoulements continus le long d’une pente (sources, suintements) ;
    • Les tourbières fluviogènes (ou telmatogènes) nées des inondations périodiques par un cours d’eau ou une nappe alluviale ;
    • Les tourbières thalassogènes, au contact entre des eaux douces et des eaux marines ;
  • Les tourbières ombrogènes, nées de la précipitation abondante, dont les condensarogènes nées de la condensation atmosphérique.

Leur végétation dominante, par exemple les tourbières à sphaignes, à grandes ou à petites laîches, à roseaux…

Leur morphologie, par exemple les tourbières plates et les tourbières bombées.

Leur situation géomorphologique, par exemple les tourbières de fond de vallon, de pente, de surcreusement glaciaire…

Leur contexte climatique et biogéographique, par exemple les tourbières boréalesatlantiquescontinentalesméditerranéennestropicales

Leur état de conservation, notamment en lien avec leur historique d’utilisation par l’homme (pâturage, sylviculture, exploitation de tourbe…)

Dans la réalité du terrain, il est important de prendre toutes ces considérations en compte dans la caractérisation d’une tourbière, et une seule typologie ne suffit que rarement pour bien décrire un site. Des hybrides, des formes intermédiaires entre deux ou plusieurs catégories, et des particularités locales nous obligent à caractériser chaque site de façon plus ou moins unique.

Sources : www.pole-tourbieres.org


Les libellules qui colonisent ces milieux sont celles qui apprécient les eaux acides et qui acceptent la pauvreté en nutriments qui les caractérise. Coenagrion tenellum et Pyrrhosoma nymphula sont les zygoptères les plus fréquents mais on trouve aussi Coenagrion scitulum ou Coenagrion hastulatum. Les anisoptères typiques sont Libellula quadrimaculata, Orthetrum coerulescens, Cordulia aenea, Sympetrum danae et Somatochlora flavomaculata.  Certaines espèces y sont même strictement inféodées, telles que Somatochlora alpestris, Leucorrhinia dubia et Aeshna subarctica.

Sources : www.poitou-charentes-nature.asso.fr Aborder la gestion conservatoire en faveur des Odonates - Guide technique - 2016